Après deux années de ralentissement, le marché de l’art a été très prolifique en 2017. D’après Artprice, il y a eu pour 14,9Mrd$ d’enchères publiques (contre 12,45Mrd$ en 2016). Depuis 1997, le chiffre d’affaire mondiale de ce secteur a augmenté de… 456% !

Les deux maisons de ventes leaders du marché de l’art, à savoir Sotheby’s et Christie’s, ont par ailleurs enregistré une nette augmentation de leur chiffre d’affaires en 2017 : + 13,1% pour la première et jusqu’à 30% pour la seconde, propriété de François Pinault, qui a été bien aidé par la vente record du dernier Leonard de Vinci. Doit-on s’attendre à pareilles tendances de l’art en 2018 ? Pascal Robaglia fait le point.

L’art contemporain en locomotive

S’il est difficile de prédire l’avenir, les chiffres sont là pour nous aider. D’après Pascal Robaglia, il est clair qu’il ne faudra pas négliger la montée en puissance de l’art contemporain, et plus généralement de l’art moderne.

Jean-Michel Basquiat, nouvelle coqueluche de l’art contemporain

En effet, depuis 2000, sa part du marché a été démultipliée. Pour l’art d’après-guerre, nous sommes passés de 8% à 21%. L’art contemporain n’est pas en reste avec une part de 15% aujourd’hui, contre 3% il y a 17 ans. En France, la 44e édition de la FIAC – Foire internationale de l’art contemporain – a été est un vrai succès. Une fréquentation exceptionnelles de 74.000 personnes et des records de ventes prouvent l’engouement envers ce marché. Les tendances de l’art en 2018 devraient à nouveau se tourner vers sa nouvelle star : Jean-Michel Basquiat (1960-1988).

L’artiste, décédé à 27 ans d’une overdose, est entré dans le gotha des artistes les plus chers du monde. Il inscrit son nom à coté de ceux de Picasso, Van Gogh, Modigliani ou Giacometti. Son Untitled, une œuvre de 1982, s’est arraché aux prix de 110,5 millions de dollars en mai 2017 chez Sotheby’s.

Si un tel artiste s’est fait un nom en occident, les grands acheteurs asiatiques et orientales ne sont pas en reste. De nombreux musées ouvrent un peu partout dans le monde. On estime que 700 nouveaux musées sont ouverts chaque année. Le constat est impressionnant : Entre 2000 et 2014, il y a eu plus de musées construits que que sur les deux derniers siècles ! Une flambée qui entraîne logiquement une demande d’œuvres pour remplir ces bâtiments. Le contenu se trouvant de plus en plus sur internet.

Les ventes en ligne continueront leur lente ascension mais n’exploseront pas en 2018

Selon le rapport d’Hiscox, les ventes sur le marché de l’art en ligne ont atteint environ 3,75 milliards de dollars en 2016, une hausse de 15 % par rapport à 2015. Les trois grands (Sothebys, Christies et Heritage) ont généré 720 M$ de ventes, soit 19 % du marché de l’art en ligne.

Malgré de beaux chiffres, il faut aussi réaliser une chose. Le Salvator Mundi de Leonardo Da Vinci, un seul tableau, a été vendu aux enchères chez Christie’s pour 450 millions de dollars. Pourtant, dans le marché de l’art en ligne, 79 % des acheteurs d’art dépensent moins de 5 000 $ par œuvre lorsqu’ils passent à la caisse. Cela montre le gouffre qui peut séparer ces deux clientèles. D’après Guillaume Cerutti, directeur général de Christie’s, les œuvres d’art les plus chères continueront probablement à être vendues en direct et en personne, compte tenu des enjeux financiers. Les ventes d’art en ligne ne représentent par exemple actuellement que 1% du chiffre d’affaires total de Christie’s.

Le nombre d’acheteurs d’art en ligne ayant craqué pour plus d’une œuvre d’art au cours des 12 derniers mois est passé de 63 % en 2016 à 65 % en 2017. Cette nouvelle clientèle, moins fortunée mais intéressée, est un réel motif d’espoir pour l’augmentation des ventes. Les tendances de l’art en 2018 devraient donc logiquement se porter à nouveau sur l’art contemporain. On devrait observer de nouvelles tête d’affiches de ce courant émerger…