Marina Abramović est une artiste serbe qui a révolutionné le domaine de l’art performance depuis les années 1970. Ses œuvres sont souvent provocatrices, choquantes et dangereuses, mettant en jeu son corps, sa volonté et sa résistance. Elle explore les thèmes de la douleur, du sacrifice, de la mort, de la relation à l’autre et à soi-même. À 76 ans, elle continue de créer et d’exposer son art dans le monde entier, suscitant admiration, curiosité et controverse. Qui est cette femme qui se dit la plus dangereuse de l’art ? Quelles sont ses motivations et ses influences ? Quel est l’impact de son art sur la culture et la société ?
Une enfance marquée par le communisme et la guerre
Marina Abramović est née en 1946 à Belgrade, en Yougoslavie, dans une famille d’intellectuels liés au régime communiste. Son père était un héros de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, sa mère était une militante du Parti communiste et directrice du Musée d’art et de la révolution. Marina a grandi dans un environnement strict et autoritaire, où elle devait respecter des règles rigides et subir des punitions sévères. Elle a développé une rébellion contre l’ordre établi et une soif de liberté qui l’ont poussée à s’intéresser à l’art.
Une formation artistique entre tradition et modernité
Marina Abramović a étudié à l’Académie des beaux-arts de Belgrade, où elle a appris les techniques classiques de la peinture, du dessin et de la sculpture. Elle a ensuite poursuivi ses études à Zagreb, en Croatie, où elle a découvert les courants artistiques contemporains comme le minimalisme, le conceptualisme et le body art. Elle a commencé à expérimenter avec des performances qui impliquaient son corps comme médium artistique, comme par exemple Rhythm 10 (1973), où elle se plantait des couteaux entre les doigts en suivant le rythme d’un magnétophone.
Voici une vidéo présentant cet artiste :
Une collaboration intense avec Ulay
En 1976, Marina Abramović rencontre Ulay, un artiste allemand qui partage sa vision de l’art performance comme un moyen d’explorer les limites physiques et mentales de l’être humain. Ils entament une relation amoureuse et artistique qui durera douze ans, pendant lesquels ils réaliseront des performances conjointes qui mettront en scène leur relation, leur identité, leur sexualité et leur spiritualité. Parmi leurs œuvres les plus célèbres, on peut citer Imponderabilia (1977), où ils se tiennent nus face à face dans l’entrée d’un musée, obligeant les visiteurs à passer entre eux ; Breathing In/Breathing Out (1977), où ils se collent la bouche et respirent le même air jusqu’à perdre connaissance ; ou encore The Lovers (1988), où ils marchent chacun depuis un bout de la Grande Muraille de Chine pour se retrouver au milieu et se séparer définitivement.
Une carrière solo marquée par des performances extrêmes
Après sa rupture avec Ulay, Marina Abramović poursuit sa carrière solo en réalisant des performances qui repoussent encore plus loin les limites de son corps et de son esprit. Elle s’expose à des situations de danger, de souffrance, de violence ou d’humiliation, comme par exemple Balkan Baroque (1997), où elle se lave pendant quatre jours des ossements de vaches ensanglantés pour dénoncer la guerre dans les Balkans ; The House with the Ocean View (2002), où elle vit pendant douze jours dans une installation transparente sans manger ni parler ; ou encore Rhythm 0 (1974), où elle se met à la disposition du public qui peut faire ce qu’il veut avec elle à l’aide de 72 objets, dont un pistolet chargé.
Une reconnaissance internationale et une influence majeure
Marina Abramović est considérée comme l’une des artistes les plus importantes et les plus influentes de l’art contemporain. Elle a reçu de nombreux prix et distinctions, comme le Lion d’or à la Biennale de Venise en 1997, le Prix Praemium Imperiale au Japon en 2003 ou le Prix du Guggenheim en 2005. Elle a exposé dans les plus grands musées du monde, comme le MoMA à New York, la Tate Modern à Londres ou le Centre Pompidou à Paris. Elle a inspiré et collaboré avec d’autres artistes de différents domaines, comme le cinéma, la musique, la mode ou la littérature. Parmi eux, on peut citer James Franco, Lady Gaga, Jay-Z, Riccardo Tisci ou Deborah Levy.
Une vision de l’art comme un moyen de transformation personnelle et collective
Marina Abramović considère que l’art n’est pas seulement une expression esthétique, mais aussi un moyen de transformation personnelle et collective. Elle croit que l’art performance peut créer une connexion profonde entre l’artiste et le public, qui partagent une expérience intense et émotionnelle. Elle pense que l’art peut aider à guérir les traumatismes, à surmonter les peurs, à élargir la conscience et à atteindre un état de paix intérieure. Elle a créé en 2010 l’Institut Marina Abramović, un centre dédié à la promotion et à la diffusion de l’art performance, où elle propose des ateliers, des conférences et des exercices pour initier le public à sa méthode basée sur la présence, l’attention et la durée.